Que nous soyons croyant ou non, les religions tiennent une place dans notre société laïque (française). Elles sont présentes à travers des lieux : églises, synagogues etc, des jours fériés : décembre, Pâques etc, et surtout à travers des personnes qui les font vivre par la croyance et la pratique. Mais en bref, de nos jours son influence reste relativement condensée dans notre société, en effet l’État n’est plus un état d’une seule religion unique imposée à tous : non il est laïc, c’est à dire tolérant tout choix de croyance, à partir du moment où celle-ci respecte la liberté des citoyens et ne met pas en danger la vie civile (définition de la laïcité, Larousse).
En somme la religion peut concerner n’importe qui d’entre-nous, qu’elle soit pour certains une révélation, une évidence, une vérité, ou qu’elle apparaisse pour d’autres comme une irréalité, une illusion, un mensonge : chacun d’entre-nous fut un jour amené à la considérer.
Car en effet son omniprésence à travers les siècles ainsi qu’à travers les sociétés (à l’échelle mondiale donc), peut nous frapper : « On trouve des sociétés qui n’ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais il n’y a jamais eu de sociétés qui n’a jamais eu de religion. » nous affirme Henri Bergson, philosophe français du XIX siècle, dans Les deux sources de la morale et de la religion. Par là, Bergson entend que la religion a toujours existé dans n’importe qu’elle société, indépendamment de ce qui semble être fondateur et épanouissant pour ladite société : c’est à dire la science, l’art et la philosophie. Si la religion a toujours existé à l’origine de toute société et continue encore aujourd’hui de vivre, c’est peut-être qu’elle-même joue un rôle important.
Notons de même qu’aujourd’hui la religion subsiste toujours même si nombre d’états ne la nourrissent plus et ainsi ne sont plus ceux qui la font vivre comme ils ont pu le faire. Prenons pour exemple le XVIème siècle où la religion catholique est reconnue comme la religion de l’État français : celui-ci alors qui repose sur le principe « cuius regio, eius religio », c’est à dire : « les États suivent la religion du prince. », oblige donc le peuple à suivre ladite religion, parfois par endoctrinement, sous peine d’être persécuté (l’Inquisition).
En bref si aujourd’hui la religion, qui n’est plus une affaire d’état, quelque chose qui officiellement doit être évident pour tous, mais est plutôt une affaire personnelle, si elle subsiste encore à travers les sociétés, c’est que par dessus-tout elle doit apporter quelque chose de positif, quelque chose qui a du vrai pour certains d’entre-nous, un plus. Et si désormais la religion est plus un choix ou une vocation personnelle qu’un concept imposé par quelque autorité, peut-elle être quand même un danger ? La question sera donc de savoir s’il faut ou non se méfier d’elle.
Remarquons par ailleurs que des actes criminels à signification religieuse sont encore présents de nos jours et font rage à l’échelle du monde : attaques islamiste du 11 septembre 2011 ou encore plus récemment, la mise à mort en Libye de l’ambassadeur américain par des islamistes. Ce qui semble fortement contraster avec l’idée et le message de paix que la religion livre et prône au départ. Si de nos jours des groupes religieux tuent au nom leur religion, n’est-ce pas le signe que la croyance et surtout la pratique de celle-ci est une menace pour les hommes ? La religion n’est-elle pas forcement à un moment donné détournée de son message premier pour basculer dans l’extrémisme ? Faut-il oui ou non rester entièrement soupçonneux envers elle ?
Car le concept de méfiance, de soupçon, semble bien inhérent avec celui de la religion : en effet celle-ci s’appuie sur la foi, la fides, c’est à dire la confiance. Or la méfiance est le fait de « se tenir sur ses gardes pour éviter un danger, un inconvénient », c’est « ne pas faire confiance », tandis que croire en quelque chose c’est « en être convaincu, tenir quelque chose pour vrai, l’admettre comme une certitude » (Larousse). Or nous « croyons en la religion », ainsi celle-ci attend de nous une certaine confiance sinon elle ne peut exister en nous. Se méfier n’est-ce pas déjà devenir un peu plus hermétique à elle ? Et en l’étant ne passons-nous pas à coté de son essence, de son essentiel ?
En somme nous pouvons compter environ (d’après le cnrs) 5,35 milliards de croyants dans le monde, sur une population d’un peu plus de 7 milliards de terriens. Il est incontestable de reconnaître que la religion est là, tout comme il est intéressant de se demander pourquoi. Car la religion est-elle vraiment essentielle à l’Homme ? En restant entièrement sur ses gardes l’Homme ne va t’il pas la tuer, refusant de lui accorder sa fides ? Bien que des attentats, crimes religieux et autres sont répandus dans le monde, se détacher de la religion pour éviter tout cela n’est-ce pas une erreur de l’Homme ?
Pour ainsi comprendre la « nécessité » de la religion comme ses dangers, nous nous pencherons dans un premier temps sur les aspects positifs que celle-ci peut avoir pour l’Homme, pour ensuite saisir ses aspects négatifs, ainsi que ses limites et dangers.
Tout d’abord nous pouvons nous demandez pourquoi la religion ? Car si elle est, c’est bien grâce l’Homme, elle vit grâce à la croyance que celle-ci lui livre. Si aujourd’hui des personnes demeurent croyantes par leur libre choix (ou vocation), c’est qu’inconsciemment elle doit leur apporter un certain bien-être, une aide, un plus. Qu’est-il ? Pouvons-nous nous en passer ?
Ainsi, le succès de la religion peut tout d’abord passer par cette faculté qu’elle a de s’ouvrir à n’importe qui. En effet, n’importe qui peut avoir accès à des lieux religieux : ceux-là sont publics, le catéchisme par exemple n’est pas payant : que l’on soit riche ou pauvre, on peut avoir accès à la religion, dans la même logique que l’on soit simple ouvrier ou pdg, celle-ci n’est pas réservée qu’à une partie de la population. Car la religion se veut en quelque sorte populaire, c’est à dire elle doit pouvoir toucher tout le monde car elle est censée concerner chaque être humain. La Bible, le Coran ou autres textes religieux renferment en effet des messages très simples, justifiés par des exemples sous forme de petites histoires, chacun peut (plus ou moins) comprendre ces textes, ce qui n’est pas par exemple le cas de la science, qui n’est pas immédiatement comprise par tous : il faut parfois des années d’études pour comprendre des théories. La religion elle, est relativement immédiate, elle est interprétable par les religieux (prêtres et autres), comme elle peut l’être par de simples croyants, ou de simples lecteurs curieux. C’est Marx lui-même, philosophe allemand du XXe siècle, qui reconnaitra que la religion est le « ciment » du peuple, ce sur quoi il se repose souvent. Peut-être parce que c’est ce à quoi il a le plus facilement accès.
Mais pourquoi aurait-il besoin de se reposer sur quelque chose ? Quelle est cette chose que la religion lui apporte ? Pour Hegel, philosophe allemand du XVIIIe-XIXe siècle, la religion apporte sous la forme de « représentations » (par les mythes, les histoires, les maximes), une vérité, un absolu. Or, c’est bien ce que cherche l’Homme : une vérité, quelque chose d’immuable et d’éternel sur lequel nous pouvons compter, nous reposer, avoir foi. Quelque chose qui nous sorte de l’intranquilité du doute, de l’éternelle remise en question. Aux éternelles questions : « qui sommes-nous ? », « d’où venons-nous ? », « pourquoi sommes-nous ? », des réponses se dessinent, des explications sont livrées. Et la plus importante d’entre-elle se résume en un mot : dieu. Dieu, l’origine de tout, dieu qui est définit (par le Larousse) comme étant « un être supérieur doué d’un pouvoir surnaturel sur les Hommes. » Les religions nous ouvrent ainsi à quelque chose d’au-dessus de nous, à quelque chose qui a une emprise sur nous. En somme, nous nous sentons dès lors moins seuls, perdus dans quelque chose sans sens. Car la religion va donner un sens à la vie humaine, elle va la diriger, et les Hommes vont puiser ainsi en elle une morale de vie : les septs pêchés capitaux ou encore les dix commandements dans la religion chrétienne nous disent très clairement où est le mal, et où est le bien. L’Homme désormais n’est plus dans l’incertitude, il sait ce qu’il peut faire ou non. Et ce savoir-là le rassure, c’est une béquille sur laquelle s’appuyer.
Car « Nulle société ne peut exister sans morale. Il n’y a pas de bonne morale sans religion.[...]» disait Napoléon Bonaparte aux Allocutions aux curés de Milan. Ainsi les Hommes ont besoin d’une morale, on besoin de savoir ce qui est bien et ce qui est mal, et celle de la religion est souvent perçue comme la « bonne ». En effet, cela se comprend, car les religions prônent avant tout de belles valeurs, des valeurs humaines, des messages de paix et d’amour. « Aime ton prochain » (Bible), « Et offrent la nourriture malgré son amour, au pauvre, à l’orphelin et au prisonnier. » (Coran), « Tu ne commettras point ‘iniquité dans tes jugements : tu n’auras point d’égard à la personne du pauvre et tu ne favoriseras point la personne du grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice » (Lévitique), bref les notions de justice, de solidarité, d’égalité, de pardon etc.
Et c’est bien cette morale de vie qui peut délivrer l’Homme de sa plus grande peur : la mort. La religion a ainsi ce pouvoir de vaincre cette peur, en mettant un nom à cette inconnue : par exemple le paradis ou l’enfer, conceptions de maintes religions. « L’ignorance, la peur, voilà les deux pivots de toute religion » disait Baron d’Holbach, philosophe allemand du XVIIIe siècle, dans le Système de la nature. Par là il entendait que la religion est soutenue par deux piliers : l’inconnu et cette peur de l’inconnu, entre autre : la mort et la peur de celle-ci. Avec la religion, cette peur s’apaise pour enfin s’estomper, car la religion qui éveille à un absolu, une vérité, un dieu, nous lie aussi à ce dieu. D’où l’étymologie de « religion » qui provient bien de « religere », mot latin se traduisant lui-même par « relier ». Ainsi peut-être que nous ouvrant à un Dieu, par des textes, des pratiques, et surtout par la croyance, la religion nous fait pour ainsi dire voir plus loin que le bout de notre nez, et nous livre un Tout harmonieux dont nous faisons parti. « Une vérité absolue que l’Homme peut connaître à travers le Dieu des religions » pour reprendre Hegel.
Mais il semblerait que la religion ne nous relie pas uniquement qu’à dieu, non en effet elle pourrait aussi relier les Hommes entre eux. C’est Durkheim, sociologue et anthropologue français du XIXe et XXe siècle, qui pensait que « chaque société créée sa propre religion ». Ainsi ce n’est plus l’humain qui créé sa religion, mais « la société », c’est à dire une communauté de personnes. Et si cette même société créé une religion, c’est qu’elle en a besoin. Besoin de croire en quelque chose, besoin d’un même « projet social » qui unisse les hommes entre-eux, qui leur donne une conscience collective. La religion n’est plus seulement une question individuelle, elle forme aussi une conception communautaire, c’est bien pour cela que Bergson affirme qu’aucune société sans religion n’a existée : les croyances sont des morales, des vérités, qui se partagent entre les Hommes pour que ceux-là réussissent à vivre le mieux possible ensemble. Elle est peut-être la solution à l’harmonie sociale.
Enfin, c’est cette même religion commune qui pourrait permettre au monde de changer selon une idée du bien. Reprenons Hegel, selon le philosophe « ce que la religion conçoit, l’État doit le réaliser dans le monde. ». Ainsi la religion a ce pouvoir de changer les choses dans un « État », dans une « société », et même avant tout chez l’individu. La religion qui est imbibée d’une morale peut nous endoctriner avec celle-ci, et faire de notre vie une vie correspondant à la conception qu’elle s’en fait. Si tout le monde avait les mêmes conceptions du bien et du mal, et si tout le monde avait imprimé cette nécessité de faire le bien, par exemple pour accéder au paradis, rendre le monde meilleur, ou encore par respect pour ce Tout, ce divin, le monde ne se porterait-il pas mieux ? Néanmoins chacun interprète sa religion comme juste lui semble, et personne ne semble tout à fait avoir la même conception de la justesse. Ce sont les institutions religieuses qui ont essayé d’imposer un seul et unique sens aux religions, intolérantes envers quiconque dévirait de cette unique interprétation ou qui ne respecterait pas les pratiques usuelles. Mais bien qu’elles cherchent parfois à étouffer certains nouveaux courants d’interprétations et de conceptions religieuses sur un même texte fondateur (Bible, Coran etc), elles n’y réussissent jamais : prenons l’exemple des protestants en France au XVIe siècle qui ont fini par se faire reconnaître et accepter comme nouvelle branche du christianisme. En bref les institutions auront essayer de former une communauté, d’unir des croyants entre eux, bien que cela n’est pas toujours réussi d’où les schismes religieux.
Mais n’est-ce pas toutes ces branches qui émergent parfois d’une seule et même religion, qui font la force de celle-ci ? N’est-ce pas tout ces courants religieux qui prouvent l’infini d’une religion, ainsi que son caractère inépuisable ? « La religion est le sens et le goût de l’infini » d’après Friedrich Schleiermarcher, théologien protestant et philosophe allemand du XVIIIe-XIXe siècle. De là, il comprenait que les religions n’ont pas de limites, puisqu’elles sont représentatives d’un dieu, or dieu ne serait-il pas la seule chose qui pourrait nous sembler infinie ? Lui, de qui tout tout provient ? Bref, les religions ont été, sont et seront peut-être toujours car elles sont d’un caractère infini et donc dans une certaine mesure éternelle.
Cependant si nous sommes ainsi fait que nous ne pourrions nous passer de religions, ne faudrait-il pas mettre pour autant un juste milieu à nos croyances pour ne pas nous noyer dedans ? N’y a-t-il pas de dangers de ne vivre que de croyances religieuses ? En somme la religion n’aurait-elle que du bon ?
L’un des premiers dangers de la religion semblerait être l’intolérance qu’elle inspire parfois aux Hommes. En effet, des religions imposent aux croyants de ne reconnaître qu’un seul Dieu unique : ce sont les religions monothéistes (islam, christianisme, judaïsme, bahaïsme). C’est ici que les Hommes se trompent, car ils déduisent que s’ils ne reconnaissent qu’un seul Dieu unique, ils ne peuvent accepter qu’il y en ait d’autres, et donc qu’il n’y ait d’autres religions que la leur. D’où parfois l’oppression et la domination qu’ils cherchent à avoir, et la volonté de convertir des personnes de religion différente. Nous pouvons ainsi trouver dans l’Histoire nombres de d’exemples de prosélytisme religieux (action de convertir un individu à sa propre religion, wikipédia) : au XVIe siècle les conquistadors espagnols ont convertis de force les peuples amérindiens, en France sous le règne de Louis XIV la plupart des protestants furent forcés de se convertir au catholicisme, ou encore la notion de djihad dans la religion musulmane qui considère que la propagation de l’islam dans la monde est un « devoir permanent » des musulmans. Prenons aussi l’exemple des mariages mixtes : dans l’islam par exemple, la conversion de l’homme à la religion musulmane est obligatoire, pour le judaïsme un mariage mixte n’est pas considéré comme valide, il faut de même que les deux personnes soient juives. En somme la mixité des religions reste encore fragile, seule la conversion est encore considérée comme une solution devant l’incapacité de certaines religions à accepter d’autres croyances. L’intolérance religieuse prouve le manque d’ouverture de celle-ci, or n’est-ce pas un paradoxe pour une religion qui veut se veut ouverte aux être humains, de les forcer à s’ouvrir à elle ?
Et de force parfois. Les guerres de religions sont peut-être la pire preuve de l’intolérance et de l’oppression religieuse, tout comme les croisades, ou encore les guerres saintes. C’est Augustin d’Hippone qui affirmera que « si les païens ne veulent pas comprendre les beautés et vérités du christianisme dès qu’on leur expose, il faudra se résoudre à leur faire la guerre ». Le message est clair, la religion est un bien pour tous auquel tout le monde doit adhérer, ou sinon mourir. Et néanmoins, si aujourd’hui la distinction entre état et religion existe, et si la religion n’est plus vraiment à caractère « propagandiste » et semble plus tolérante, il n’empêche que des actes religieux signifiant la haine d’une religion pour une autre existent encore : le terrorisme religieux, les meurtres à caractère religieux. La violence engendrée par la religion peut encore être considérée comme un bien pour certains croyants. Ces croyants nous les nommerons extrémistes. Ainsi la religion peut mener à l’extrémisme, car si nous respectons entièrement ses « règles » l’intolérance la plus forte peut surgir. En renfermant le croyant dans une seule vision des choses, elle peut réussir à l’endoctriner pour ne lui faire accepter qu’une seule vérité, et cet endoctrinement peut parfois pousser au fanatisme, c’est à dire au dévouement absolu et exclusif à une croyance. Chose dangereuse puisqu’en plus de pousser à l’intolérance, le fanatisme peut pousser à la négation de l’individu.
Car pour Kierkegaard (écrivain, théologien protestant et philosophe danois du XIXe siècle), la religion est « une adhésion totale à un mystère indéchiffrable. ». Par là nous pouvons comprendre que la religion n’est que l’acceptation de « ce qui est inaccessible à la raison humaine, ce qui est de l’ordre du surnaturel, ce qui est obscur, caché, inconnu, incompréhensible » (définition de mystère, Larousse). Or accepter de manière « totale » qu’il y a des choses que la raison humaine ne peut saisir, n’est ce pas la mettre de coté et se résigner ? N’est-ce pas de même dire que l’Homme est impuissant, qu’il y a des choses qu’il ne peut comprendre et qu’ainsi il ferait mieux de contempler ces choses, ce divin, pour lui vouer un culte ? La religion semblerait figé la raison, et si celle-ci ne s’épanouit pas, l’Homme deviendrait passif aux choses, s’en remettant toujours à un dieu, plutôt qu’essayant de trouver ses propres réponses en lui. N’est-ce pas là le signe qu’à trop croire en une religion, celle-ci finit par occulter les facultés de l’être humain, au lieu de les seconder, et de leur apporter une nouvelle force ? La religion ne doit pas tout faire, l’Homme doit aussi la raisonnée, pour qu’elle soit une aide à sa vie et non pas pour qu’elle l’emprisonne dans des vérités déjà toutes trouvées, refusant d’être examinées.
Car comme pensait Marx (philosophe, économiste, historien, sociologue et révolutionnaire allemand du XIXe siècle), la religion est « l’opium du peuple », c’est à dire qu’elle illusionne les plus démunis et les confortent, au lieu de les pousser à agir. Elle est maitresse d’un certain déterminisme, disant par avance ce qu’il faut faire pour avoir recevoir le Salut, et même dans le pire des cas, nous déterminant d’avance au paradis ou à l’enfer comme dans la religion protestante calviniste. En somme elle n’est pas un modèle de changement et de transformation, l’Homme n’est plus maître de sa vie, il se résigne se rendant dépendant d’un espoir, d’une consolation, d’une chose supérieure : un dieu. Pour Marx, il suffirait que la religion soit éliminée pour que le peuple se rend compte de sa misère et la supprime : « L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence de son bonheur réel. ». La religion n’est qu’une illusion qui parfois faite de morales sur les bienfaits de la souffrance, permet au peuple de mieux les supporter au lieu de les refuser. En bref, les religions sont aussi dangereuses en ce sens qu’elles apprennent aux Hommes cette idéologie de l’acceptation, leur mystifiant la justice vraie qu’ils pourraient trouver en eux-mêmes.
De même la religion peut-être perçue comme la solution à la peur de soi-même, selon Nietzche (philosophe et poète allemand du XIXème siècle) elle est alors une aliénation : « la sensation de puissance qui submerge l’homme d’une force soudaine et irrésistible (et c’est le cas de toutes les grandes passions) le fait douter de sa propre personnalité ; il n’ose se croire la cause de ce sentiment surprenant, et il postule une personnalité plus forte que lui, un Dieu. » (La volonté de puissance). Croire en un dieu est peut-être plus facile, plus évident que de croire en soi-même, en sa force intérieure. Or pour faire confiance en quelque chose de plus grand que nous, pour y avoir foi, ne faut-il pas avant tout avoir confiance en nous, et croire en nos possibles ? Car sinon, la religion ne serait-elle pas qu’une superstition à laquelle on se rattache par désespoir ? Car comme pensait Edmond Burke : « La superstition est la religion des âmes faibles. », la religion n’est plus un divin qui nous touche, mais nous qui essayons sans cesse de toucher un divin, croyant alors voir partout de ses présages.
D’où peut-être l’apparition des sectes. Car en effet, dans les sectes tout repose sur le « gourou », cette personne à laquelle on a attribué une part de divin, cette personne que l’on va même parfois divinisée. Désormais on ne fait plus confiance à quelque chose d’abstrait, qu’on ne voit pas, mais on peut reposer sa confiance sur le gourou qui est concrètement là. Il n’est pas que le simple messager d’une religion, il est aussi cela qui la représente le mieux. Les croyants ont enfin un dieu à taille humaine qui les guide, un maître spirituel qui sait répondre à leurs questions et leur dit quoi faire. Mais n’y a t’il rien de plus dangereux que de se laisser guider ? Car l’étymologie de secte provient bien du latin secta, de sequi qui signifie « suivre ». Ainsi dans une secte, il s’agit de suivre, toujours suivre. Et les gourous peuvent alors se servir d’une secte pour, avec des moyens de manipulation, sous-tiré de l’argent aux adhérents, ou avoir d’autres exigences qui en réalité ne sont que du profit pour eux. Bref, la religion peut être détournée sous bien des aspects, et en ce sens elle peut aussi apparaître comme un danger.
En somme la religion peut aussi bien être un plus pour l’Homme, une aide, une vérité qui le guide, mais ne doit pas pour autant lui être une nécessité. Car si ce dernier devient trop dépendant d’elle, il se met en danger. De même devant se méfier un peu de son adhésion à celle-ci, devant garder toujours garder sa raison en éveil, c’est aussi des institutions religieuses qu’il doit se méfier, et notamment du pouvoir qu’elles peuvent avoir sur les personnes. N’est-ce pas elle qui ont fait dans le passé des dégâts immenses, divisant les Hommes en cherchant à les rassembler de force ? Une religion qui fait tout, n’est pas une religion qui respecte l’être humain. Celui-ci ne doit pas se soumettre à elle.
Car comme disait Marx « C’est l’Homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’Homme. », par là il entendait peut être que l’Homme reste le créateur de la religion, c’est à lui de faire la sienne propre, d’avoir ses propres interprétations, et de trouver sa vérité. Chaque Homme a sa « religion » unique, ce en quoi il croit ou non. Ce n’est pas à une religion de nous dire qui nous sommes, mais c’est à nous de nous trouver notre religion en apprenant qui sommes-nous.
De même la religion ne doit être aveugle ou anesthésiante à notre condition humaine, en se limitant à être une aide pour celle-ci. La religion doit avant tout être des croyances qui nous ouvre le champ de nos possibles, plutôt que de les écraser. Car la religion ne devrait-elle pas signifier plutôt l’espoir que la résignation ? L’ouverture à la vie plutôt que l’intolérance ?
Ce n’est peut-être donc pas de la religion à proprement parler qu’il faut se méfier, mais plutôt de notre manière de l’interpréter et d’y adhérer. N’est-ce pas les Hommes qui l’ont détournée pour en faire des sectes ? N’est-ce pas les Hommes qui ont tués au nom d’un dieu, alors que jamais celui-ci n’a prôné la violence ?
La religion peut être une vérité pour certains d’entre-nous, certaines religions peuvent correspondre à notre conceptions des choses. Nous pouvons choisir d’avoir entièrement confiance en une religion, mais nous ne devons pas avoir entièrement confiance en nous. Peut-être suffirait-il que nous remettions de temps en temps en questions nos pratiques et interprétations ? Car nous ne sommes pas obligés d’être dogmatique sur la religion, celle-ci peut être si vaste et infinie, il faudrait apprendre à accepter et à croire en tout les points de vues sur celle-ci.
La religion pourrait nous insuffler une certaine liberté, en effet à la base elle ne impose rien, la plupart du temps elle nous rend tout simplement responsable de nos actes, c’est à nous de choisir ou non de suivre une morale de vie : ainsi des croyants ne sont pas forcément pratiquants, et ca ne fait pas pour autant d’eux de « mauvais » croyants. Alors pourquoi d’autres croyants chercheraient t’ils à nous imposer ce qu’ils ce sont eux-même imposés après interprétations de textes religieux ? Prenons pour exemple la religion musulmane : jamais il n’a été écrit dans le Coran que le port du voile pour les femmes est obligatoire, ce n’est qu’une interprétation de religieux. Et pourtant la plupart des musulmanes le portent, parfois même sans vraiment être en accord avec les raisons de le porter…
Pourquoi faudrait-il unifier les croyants ? Que tous soient les mêmes ? La richesse d’une religion n’est-elle pas dans les différentes interprétations qui la nourrie ? Pourquoi ce besoin de rendre nos vérités comme des vérités universelles ? Car c’est bien de ca qu’il faudrait se méfier. Ce n’est pas la religion qui est intolérante, ce sont les Hommes qui croient tenir la vérité. Et qui de la même manière cherche à l’enfermer dans le mot « religion », plutôt que de la considérer comme un ensemble de croyances évolutives, nourries sans fin par la différence des Hommes.
BOLY
28 mars, 2013 à 18:10
C’est une approche très ouverte, intellectuelle, neutre et objective sur la religion. Une telle approche éviterait à l’humanité ce que l’Europe a fait subir à l’humanité tout entière. De sorte qu’il faut considérer comme un malheur que la modernité, telle qu’elle se vit aujourd’hui, ait commencé par l’Occident et par l’Europe.
Pourrait-elle au moins aujourd’hui se remettre en cause, et reconnaître ses ERREURS et présenter ses EXCUSES à toute l’humanité? Car de quelle utilité est aujourd’hui cette modernité si elle doit absolument s’accompagner de tous les raffinements en matière d’oppression des autres peuples mises en place par des spécialistes en cette matière? Que l’Europe ne puisse pas le comprendre est proprement triste et désespérant pour l’humanité? Car finalement, de quoi peut-elle alors fièrement se vanter. Quelle est donc cette mission civilisatrice que l’Europe a apporté aux autres peuples? En tout cas, j’éprouve d’énormes difficultés à la lire, cette civilisation.
Désiré BOLY, Docteur en Sciences de la Communication
BOLY
28 mars, 2013 à 18:17
Excusez-moi pour les fautes du texte ci-dessus. Trouvez-vous un rapport entre le texte de l’élève et ce commentaire? En tout cas, il faut creuser un peu pour en établir un. Pour moi, il y en a un.
Merci.