PHILOSOPHIE : FICHE DE LECTURE
« 5 LECONS SUR LA PSYCHANALYSE » ( de Sigmund Freud)
- Présentation de l’ouvrage : (la pagination renvoie à l’édition Payot de 1983).
Ce texte date de 1904. Il s’agit de conférences que Freud avait donné à la Clark University (U.S.A). Il récapitule les idées essentielles de la psychanalyse à partir d’une approche historique et d’un savoir acquis sur plus de 20 ans. Il rappelle comment est née la psychanalyse, à partir de l’étude de l’hystérie et quel est le rôle prépondérant de la parole et de la mémoire comme thérapeutique ou « méthode cathartique »
PREMIERE LECON :
Introduction : (page 7).
- Freud souligne avec modestie qu’il n’est pas le seul fondateur de la psychanalyse mais que d’autres avaient, avant lui, tenté de soigner des hystériques, notamment le docteur Breuer (médecin autrichien). Il précise qu’une formation médicale n’est pas nécessaire pour comprendre ce qu’il va dire.
Première partie : Le cas Anna O. (page 8 à 10).
- Freud fait la description clinique des symptômes dont souffrait la malade âgée de 21 ans. Il s’agit de troubles mentaux et physiques (voir la description page 8).
- On pense expliquer habituellement ces symptômes par une lésion organique mais leur origine, dans ce cas de figure, semble plutôt psychologique car ici les troubles sont apparus à un moment très précis de sa vie et suite à des chocs affectifs importants, notamment au moment où cette jeune femme fut obligée de soigner son père qu’elle adorait et qui devait ensuite succomber à cette maladie. Le fait de devenir malade l’empêcha de continuer à pouvoir soigner son père. Il s’agit donc d’une hystérie.
- La médecine de l’époque reste incompétente et incapable de traiter les hystéries qui ne faisaient pas l’objet d’études médicales particulières. On traite même parfois ces malades comme des menteurs et des simulateurs et, de manière générale, on ne leur porte pas d’attention.
Seconde partie : Breuer et Freud face au cas Anna O. (page 10 à 18).
a) Breuer s’intéresse à la maladie :
- Il remarque que la patiente dans des états d’absence et d’altération psychique a l’habitude de murmurer certaines choses qui semblent se rapporter à des préoccupations intimes. Il place alors sous état d’hypnose la malade pour la faire parler de ses préoccupations qui ressemblent à des « rêveries ».
- Il constate qu’après avoir ainsi fait parler sa patiente son état s’améliorait mais provisoirement. Mais les troubles revenaient ensuite.
La malade baptise cette méthode le « talking-cure ». Freud parle d’un « nettoyage de l’âme » et de « méthode cathartique ».
- La découverte essentielle consiste à comprendre que les symptômes sont causés par des chocs émotionnels oubliés et refoulés. Aussi en retrouvant le souvenir de ces traumatismes, on pourra libérer le malade par la parole et la mémoire. Certains troublent ont disparu vraiment lorsque la malade parvint à se rappeler des occasions pendant lesquelles ces symptômes se produisirent pour la première fois. Dans le cas d’Anna O. il s’agissait d’une nuit de forte chaleur où elle avait beaucoup souffert de la soif car il lui était impossible de boire les verres d’eau qu’elle tenait dans sa main (elle se nourrissait de fruits pour étancher sa soif depuis plusieurs semaines). Voir page 11 et 12 la guérison de son « hydrophobie ».
- La découverte de Breuer consiste donc à supposer que les troubles mentaux sont des conséquences de traumatismes : la guérison impliquait qu’on remonte la « chaîne des souvenirs » pour remonter aux traumatismes les plus profonds. Freud fait alors référence à d’autres exemples pour illustrer cette découverte (Freud fait allusion aux troubles de la vue et aux anesthésies dont souffrait Anna O. que l’on a pu guérir par hypnose, voir sur ce point la page 13 et 14).
b) Freud reprend la méthode utilisée par Breuer.
- Freud précise qu’il s’est inspiré de cette méthode pour l’appliquer ensuite à ses propres malades et qu’il fit les mêmes découvertes avec les mêmes résultats. La conclusion ici est que « les hystériques souffrent de réminiscences. Leurs symptômes sont les résidus et les symboles de certains évènements traumatiques » (page 15). Freud utilise une métaphore pour expliquer cette idée : de même que les monuments des grandes villes sont des symboles d’évènements historiques antérieurs et oubliés, les symptômes sont des signes d’évènements psychiques antérieurs.
- La seconde conclusion est que les malades sont fixés et affectivement attachés à ces évènements passés qui les perturbent : « ils ne se libèrent pas du passé » écrit Freud et négligent la vie présente, restent enfermés dans une histoire pathologiquement et sont victimes d’angoisses, d’inhibition et d’obsessions. Freud pense que la névrose est une façon détournée d’exprimer des émotions que nous n’avons pas pu exprimer normalement (voir la métaphore du fleuve et ce qu’il nomme « l’hystérie de conversion » page 18).
Conclusion de la première leçon :
- On doit en conclure que l’inconscient est capable d’influencer la vie consciente : l’exemple des suggestions post-hypnotiques le démontre et cela permet de comprendre ce qu’est l’hystérie.
- Le symptôme pathologique est provoqué par des processus inconscients qui une fois éclairés par la conscience font disparaître le symptôme.
SECONDE LECON.
Première partie : Les études sur l’hystérie (p.21 à 23).
- Freud évoque d’abord les expériences de Charcot à Paris sur les études de paralysies hystériques (p.21).
Puis évoque les théories de Pierre Janet, (p.22) : d’après lui l’hystérie a pour cause une dégénérescence, une altération du système nerveux, une sorte faiblesse mentale.
- Freud s’oppose à cette théorie : chez les hystériques certaines facultés certes déclinent mais d’autres augmentent
- Freud abandonne la méthode de l’hypnose (aléatoire) pour soigner ses malades (il ne parvenait pas à mettre sous hypnose tous ses patients). Mais par quoi remplacer la méthode cathartique ?
- Freud évoque alors les expérience de Bernheim à Nancy (p.23) qui avait montré que les patients peuvent se souvenir à l’état d’éveil de ce qu’ils ont vu en état d’hypnose si on les interroge ensuite.
Seconde partie : Poursuite des travaux de Freud : (p.24 à 28)
- Freud décide alors d’utiliser la suggestion à l’état de veille : Freud imagine qu’on peut faire parler les malades de leur pathologie alors qu’ils sont conscients : « je réussis sans employer l’hypnose à apprendre des malades tout ce qui était nécessaire pour établir le rapport entre les scènes pathogènes oubliées et les symptômes ». Mais il précise que c’est un procédé pénible.
- Freud découvre une force de résistance qui empêche les souvenirs oubliés de surgir à la conscience. Cette force est celle du refoulement (p. 24-25). Définition du refoulement et de son mécanisme : un désir violent qui surgit s’oppose aux aspirations morales de l’individu. Au terme de ce conflit intérieur entre cette pulsion et les forces morales de l’individu, le désir est refoulé dans l’inconscient. L’explication suppose donc l’existence en l’homme de deux forces antagonistes : celle du « moi moral » et celle du désir (explication du mécanisme du refoulement par la métaphore de la salle de conférence p. 26 et 27).
Troisième partie : Nouvelles conclusions (p. 28-30).
- Le refoulé n’a pas perdu son dynamisme pour autant et reste « efficace ». Il cherchera divers moyens pour se satisfaire sous des déguisements, des symboles, des substituts (ruse de l’inconscient). Le désir refoulé peut advenir à la conscience mais sous une forme différente, travestie, défigurée (substitution) et qui provoque un certain malaise.
- Ramené à la conscience (« ramener ce qui est refoulé en plein jour » dit Freud), le désir refoulé pourra être canalisé consciemment de plusieurs façons, ce qui permettra de mettre fin à la névrose : le malade pourra accepter son désir, le sublimer (détourner ce désir vers des buts plus élevés) ou le condamner (Freud parle alors étonnamment du « triomphe de l’homme sur le désir » (p. 30) par les plus hautes instances spirituelles de l’homme. On voit bien ici que le but de Freud n’est pas de dire que l’homme est à jamais prisonnier de son désir mais qu’il peut en triompher par la raison.
TROISIEME LECON.
Introduction.
- Freud rappelle quels sont les inconvénients rencontrés dans la méthode des traitements par suggestion (il n’est pas toujours facile de réussir à faire parler un patient de l’événement inconscient qui est à l’origine de ses troubles).
Première partie : La cure psychanalytique.
- Le psychisme selon Freud est déterminé par l’inconscient ; (rappel du principe du déterminisme psychique). Pour atteindre cet inconscient il faut vaincre des forces qui résistent à sa compréhension, qui empêchent le refoulé d’accéder à la conscience. Si la résistance est faible, le souvenir vient facilement à la conscience, si la résistance est forte, l’inconscient déforme alors les souvenirs qui accèdent à notre conscience : la déformation de l’objet est donc d’autant plus grande, dit Freud, que la résistance est forte. L’idée qui peut surgir du malade lorsqu’on l’interroge peut alors être considérée comme un signe, « une traduction dans un autre langage » du refoulé.
- Pour faire comprendre cela, Freud utilise l’exemple du « mot d’esprit » : dans la vie courante, nous connaissons des cas semblables d’expressions acceptables qui masquent une injure ou un mépris (exemple page 33 des commerçants et du tableau).
- De même il existe des idées ou des fantasmes qui surgissent à la conscience mais qui demandent un effort d’analyse pour être compris (déguisement).
- Freud rappelle la méthode qu’il suit : l’association libre : on laisse parler le malade en lui demandant de parler de tout ce qui lui passe par la tête : ce qui viendra à son esprit finira par révéler quelque chose : les idées émises spontanément dans l’association libre permettent d’obtenir des enseignements sur l’inconscient.
Seconde partie : il existe deux autres moyens d’accéder à l’inconscient : les actes manqués (erreur, oubli, lapsus), et les rêves.
a) Les rêves.
- Le rêve est la « voie royale qui mène à l’inconscient » (page 36) à condition à ne pas s’arrêter au seul contenu manifeste du rêve. Les rêves nous semblent parfois absurdes, étranges, et nous les rejetons, les oublions ou les fuyons, pour des raisons parfois morales, mais souvent ils ont un sens assez clair et sont compréhensibles et révèlent leur fonction : le rêve exprime ce que nous désirons. Mais s’ils sont incompréhensibles il faut penser qu’ils cachent un sens latent.
- Le rêve n’est pas étranger à la vie du rêveur : chez l’enfant le rêve exprime souvent des frustrations ou des contrariétés de la vie ordinaire. Les rêves sont pensés ici comme des compensations directes aux désirs ou aux pulsions qui n’ont pas été satisfaites.
- Chez l’adulte le rêve est souvent déformé et déguisé en raison de la censure du surmoi qui veille à ce que le refoulé ne fasse pas irruption dans la conscience. L’objectif de l’interprétation des rêves est donc de passer du contenu manifeste au contenu latent. (voir la page 38 –39). Le rêve est définit comme la réalisation déguisée d’un désir refoulé (page 40).
Comment fonctionne ce « travail onirique » ? Freud évoque les mécanismes de condensation, de déplacement, et de symbolisation du rêve. Il précise que le symbolisme des rêves pourraient être utile et nous permettrait de comprendre les autres productions imaginaires de l’homme (mythe, légendes). Notons cette belle formule de Freud : « Par le rêve c’est l’enfant qui continu à vivre dans l’homme avec ses particularités et ses désirs ».
- Le cas particulier des rêves d’angoisse et de cauchemar. Définition de l’angoisse : c’est la conséquence d’un « refus que le moi oppose aux désirs refoulés devenus puissants, c’est pourquoi sa présence dans le rêve est explicable si le rêve exprime des désirs refoulés » (page 41). L’angoisse est le signe d’un refoulement de ses propres désirs.
- Il faut retenir que le rêve a toujours un sens et il permet de mieux connaître l’inconscient refoulé de quelqu’un.
b) Les actes manqués. (p. 42 et 43).
- Définition et exemples : actes qui manquent leur but dans la vie quotidienne : oublis, lapsus, erreurs, maladresses, perte d’objets, actes accomplis machinalement.
- Fausse explication : hasard, distraction, inattention, fatigue.
- Théorie de Freud : l’acte manqué a toujours un sens mais à déchiffrer. Il traduit des pulsions des intentions. Il est un substitut, un symbole par lequel un désir refoulé accède à la satisfaction de manière déguisée. Ces actes sont déterminés par l’inconscient (comme les symptômes névrotiques et les rêves).
Conclusion :
- Nous disposons donc de trois moyens d’accéder à l’inconscient : association libre, rêves, actes manqués.
- La psychanalyse est une technique complexe qui doit être apprise comme on apprend la médecine et ne s’improvise pas.
- La résistance à vaincre est celle qui condamne la psychanalyse a priori sans savoir ce qu’elle est vraiment parce qu’elle va à l’encontre des habitudes intellectuelles.
QUATRIEME LECON.
Première partie : Les symptômes de la névrose sont liés à la sexualité. (P. 46 à 48).
- Malgré l’opposition de ses contemporains, Freud soutient que l’une des principales causes de la névrose relève d’une perturbation de la sexualité ou de la libido. Les pulsions d’origine sexuelle sont pour Freud une cause essentielle de la maladie.
- Il justifie ce point de vue à partir des expériences thérapeutiques.
- Mais la difficulté en matière de sexualité est qu’il y a une hypocrisie généralisée sur tout ce qui la concerne : « les hommes ne sont pas sincères en ce domaine et ne se montrent pas tels qu’ils sont. Ils portent un épais manteaux de mensonge pour se couvrir comme s’il faisait mauvais temps dans le monde de la sexualité ».
- Dans le traitement psychanalytique, les masques tombent et la réalité de la sexualité humaine apparaît.
- Pour cela, il est nécessaire de remonter au-delà des évènements récents de la vie psychologique, pour aller jusqu’à la période de la puberté et de l’enfance. C’est là que se trouvent les évènements qui ont provoqué la maladie ultérieure : « ce sont les désirs inéluctables et refoulés de l’enfance qui ont prêté leur puissance à la formation de symptômes sans lesquels la réaction aux traumatismes ultérieurs aurait pris un cours normal. Ces puissants désirs de l’enfant je les considère comme sexuels ». (page 48).
Seconde partie : La sexualité est donc présente dès l’enfance.
- Freud affirme l’existence d’une sexualité infantile. Elle fait partie de la nature humaine dès le plus jeune âge.
- Pour le démontrer il fait référence à un psychologue américain de la même époque (p. 49) et à ses propres expériences (p. 50).
- Mais l’éducation reçue a refoulé en nous la sexualité qui existait chez l’enfant et qui n’apparaît de manière plus visible qu’à la période de la puberté.
Troisième partie : Maturation de la sexualité chez l’enfant. (p. 51 à 56).
- La pulsion sexuelle chez l’enfant est guidée par le principe de plaisir : il s’agit de rechercher à travers le corps des sensations agréables.
- La sexualité de l’enfant est donc d’abord auto-érotique par l’exploration des zones érogène du corps. Le plaisir de la succion chez l’enfant est un exemple de plaisir auto-érotique comme « l’ excitation artificielle » des organes génitaux. Freud n’hésite pas à dire que l’enfant expérimente déjà des instincts qui se présentent par groupes de deux (actif-passif) : le plaisir de faire souffrir (sadisme) et son opposé (masochisme), le plaisir de voir et de s’exhiber. Il dit même qu’on peut sans crainte attribuer à chaque enfant une « légère disposition à l’homosexualité ». Ce n’est qu’à la fin de la puberté que la sexualité change pour se soumettre au processus de normalisation et devenir centrée autour de la génitalité et de la reproduction : à ce stade le désir éprouvé pour une personne extérieure chasse l’autoérotisme.
- Mais l’éducation reçue va impliquer des refoulements de certaines tendances naturellement présentes en l’homme : « des puissances psychiques comme la honte, le dégoût, la morale s’établissent en gardienne pour contenir ce qui a été refoulé » écrit Freud (p.53). La puberté oblige « la grande marée des besoins sexuels » à suivre des voies normales en nous empêchant d’animer des plaisirs qui pouvaient exister dans l’enfance mais qui au stade de la vie adulte suscitent le dégoût (comme la coprophilie).
- Cependant selon Freud « tout processus contient les germes d’une disposition pathologique en tant qu’il peut être retardé, inhibé ou entravé ». C’est le cas pour la sexualité : tous les individus ne supportent pas sans encombre le refoulement imprimé par la société. Il peut favoriser des anomalies : il se peut que certains instincts initiaux ne se soumettent pas à la domination de la sexualité génitale et restent présents : c’est ce qu’on nomme une perversion (et l’homosexualité en fait partie selon lui) que Freud considère comme un arrêt du développement des fonctions sexuelles.
- Freud évoque ensuite le complexe d’oedipe : « l’enfant prend au départ ses deux parents et surtout l’un d’entre eux comme objet de désir ». La fille est davantage attirée par le père et le fils par la mère. Il y a donc des rapports de tendresse entre enfants et parents mais aussi des rapports d’hostilité. (voir page 55). Le complexe ainsi formé est rapidement refoulé mais du fond de l’inconscient il exerce encore une action importante et durable. Freud considère que ce complexe comme central dans la névrose. Le mythe du roi oedipe est une manifestation peu modifiée du désir infantile contre lequel se dresse plus tard la barrière de l’inceste.
- L’intelligence de l’enfant pendant cette période se met au service de ses désirs : il est très curieux de la manière par laquelle les adultes font les bébés, il imagine des « théories sexuelles infantiles ».
Conclusion :
Il est normal que l’enfant porte ses premiers désirs sur ses parents mais il ne faut pas ensuite que sa libido reste fixée sur eux mais doit passer à d’autres personnes. L’enfant doit se détacher de ses parents : c’est là le but de la vie sociale et de l’éducation
Freud compare le traitement psychanalytique à une « éducation progressive pour surmonter chez chacun de nous les résidus de l’enfance ».
CINQUIEME LECON.
Première partie : La névrose est un refuge (p. 58 à 60).
- La maladie advient quand la satisfaction de leurs besoin érotique est refusée dans la réalité. La maladie est une fuite pour obtenir la satisfaction et le plaisir que la vie réelle rend impossible. On recherche un certain bien être même si cela nous conduit à la maladie, par la voie de la régression vers le passé (il s’agit de faire ressurgir des périodes anciennes qui étaient l’occasion de certaines jouissances) et par la fixation à des formes de conduites antérieures infantiles.
- La réalité s’oppose globalement à la multiplicité de nos désirs (« la vie de fantaisie » qui nous est intérieure). On peut soit déplacer ces désirs vers une activité énergique et transmuer en réalités les fantaisies de désir. Ou bien en cas de faiblesse ou d’impossibilité, l’individu se détourne du réel et se retire dans l’univers du rêve ; en cas de maladie il transforme ces désirs en symptômes.
- Dans le cas de l’artiste, l’énergie intérieure, au lieu de s’exprimer en symptômes névrotiques, s’exprime en création esthétique. Ainsi l’artiste échappe-t-il au « destin de la névrose ». Quand la libido ne trouve pas de moyens de se satisfaire, par régression, elle conduit à la réapparition de désirs infantiles et donc à la névrose. Freud A cette formule étonnante : « la névrose remplace le cloître où avaient coutume de se retirer toutes les personnes déçues par la vie ou trop faibles pour la supporter » (P. 60).
- Il n’y a pas de différence essentielle entre un malade et un homme « normal » : les névrosés luttent contre les mêmes forces contre lesquels nous luttons nous aussi hommes sains. La différence entre le normal et la pathologique n’est qu’une affaire de proportion entre différentes forces qui luttent entre elles en nous au sein de notre esprit.
Seconde partie : La notion de transfert. (P. 61 à 62).
- Un malade qui est en cure passe à un moment par un transfert : il déverse sur le médecin un trop plein d’excitation affective, souvent mêlée d’hostilité. Le malade revit à l’égard du psychanalyste les évènements qui sont à l’origine de ses troubles. Le médecin est comme un « catalyseur » qui attire vers lui les affects inconscients qui viennent d’être libérés.
- Freud évoque le rôle de ce transfert dans la cure (p. 61-62).
Troisième partie : Psychanalyse et éthique. (p. 62-63).
- Freud rappelle quelles furent les objections formulées à l’époque contre les théories psychanalytiques : critique de la thèse du déterminisme psychique et peur d’une remise en cause des valeurs morales de l’individu par la victoire de ses instincts sur sa raison.
- Réponse de Freud : le traitement psychanalytique ne nuit en rien à la moralité de l’individu et ne le conduit pas à une soumission à des instincts refoulés qui prendraient le contrôle de la personne. Au contraire même, le traitement cherche à accroître la maîtrise de soi et l’accroissement de sa propre conscience. Le désir est bien plus fort lorsqu’il baigne dans l’inconscient… il peut être davantage maîtrisé en devenant conscient. La cure cherche donc à répondre aux ambitions morales de l’homme.
Quatrième partie : Que deviennent les désirs inconscients mis à jour par la psychanalyse ?
- Trois solutions sont possibles :
- Remplacement du refoulement inconscient par une condamnation du désir. On aboutit en somme à un contrôle conscient de soi (les désirs sont supprimés par la réflexion).
- Ramener les désirs découverts à leur fonction normale qu’ils auraient du suivre s’ils n’avaient pas été perturbés. La névrose par le refoulement prive l’individu d’une énergie psychique utile qu’il faut pouvoir retrouver pour l’action. Freud évoque ici la sublimation : il est possible de substituer au penchant irréalisable de l’individu un but supérieur situé en dehors de la sexualité et socialement reconnu (Freud précise que c’est par ce mécanisme de sublimation que l’humanité a pu atteindre les plus nobles de ses actes).
- Enfin le désir peut disparaître de lui-même par des moyens ordinaires de satisfaction.
Conclusion sur la répression des pulsions par la civilisation.
La civilisation réprime de manière excessive nos pulsions (« ce qu’il y a d’animal dans notre nature ») et cela rend la vie difficile et produit des pathologies névrotiques. L’homme civilisé, à qui l’on demande de renoncer à satisfaire ses désirs, peut certes accroître l’importance de ses sublimations, mais on ne peut pas transformer intégralement notre énergie sexuelle en autre chose : le fait de priver l’homme de satisfaction sexuelle engendre inévitablement des « conséquences fâcheuses». Freud utilise une métaphore pour montrer qu’on ne peut pas toujours s’opposer à la force de la nature en nous.
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