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Méthodologie de la dissertation.

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LA DISSERTATION DE PHILOSOPHIE

Conseils de méthode.

 

La méthode n’est pas le plus important dans une dissertation, mais il faut la maîtriser, car elle permet très rapidement de distinguer les devoirs qui l’appliquent  et ceux qui, faute de la respecter, sont sans grande valeur.  Il s’agit de règles de bases à suivre qui portent surtout sur la forme, mais l’essentiel d’une dissertation, il est vrai, se joue sur le fond et est relatif aux connaissances dont vous disposez, à vos idées, au contenu de votre propos. Donner des consignes de méthode, est donc nécessaire, mais ce n’est pas vous indiquer une recette qui vous permettrait de réussir à chaque coup.  L’essentiel, il faut le redire, est de savoir quelle culture vous êtes capables de mettre en œuvre sur un sujet et non de vous focaliser sur la seule question de la structure d’un devoir. En ce sens la « vraie » méthodologie, c’est la correction des devoirs. L’important, en philosophie comme ailleurs, est donc surtout d’acquérir des connaissances, de connaître des théories, des livres, des auteurs, et de les utiliser de manière pertinente sur un sujet, le reste sont des remarques, certes utiles, mais purement a priori. Disons que la méthode est la condition nécessaire de la réussite mais pas sa condition suffisante.

Avant d’en venir à la question spécifique de la méthodologie de la dissertation, un mot cependant du choix du sujet le jour de l’examen. En effet, vous aurez à choisir un sujet entre deux sujets de dissertation ou une explication de texte. Prenez bien le temps de choisir votre sujet et donc lisez le texte proposé, le jour de l’examen, même si vous pensez avoir une préférence pour la dissertation. Il arrive en effet que des candidats s’orientent trop rapidement vers un sujet qui ne leur convient pas au risque d’avoir à l’abandonner en cours de route pour se reporter ensuite sur l’autre sujet, ce qui est  le pire des scénario. Ainsi, pendant l’année, il faut s’entraîner aux deux exercices (dissertations et explication de texte) et ne pas a priori considérer que votre allez nécessairement prendre soit l’un, soit l’autre. Prenez donc le temps de lire le texte dés la distribution des sujets pour choisir en connaissance de cause celui qui vous convient le mieux.

Dans tous les cas, il n’est pas attendu que vous récitiez un cours et que vous plaquiez mécaniquement  une leçon apprise mais il s’agit de tenter de réfléchir par soi-même, de se confronter à un problème philosophique. La dissertation doit avoir pour but de soutenir une thèse et d’affirmer son propre point de vue sur le sujet proposé. Il ne s’agit donc pas de faire une simple compilation de différents points de vue possibles, de faire un listing de théories aussi intéressantes soient-elles, ou même de se limiter à une approche historiques des idées, à une approche qui serait purement descriptive. La dissertation n’est pas un catalogue d’opinions à la fin duquel on pourrait laisser chacun choisir la réponse qui lui convient le mieux ! Disserter c’est avant toute chose vouloir démontrer, s’engager dans un processus de réflexion et d’argumentation mais dans l’optique d’une  prise de position sur le sujet qui doit apparaître clairement dans la dernière partie de votre devoir. Il faut donc donner son avis, mais encore faut-il que cet avis émerge à partir d’une bonne problématisation et que votre avis soit débattu, argumenté, justifié à travers un débat contradictoire. Ainsi, avant d’affirmer un point de vue, il est nécessaire d’examiner des théories adverses. Une dissertation, qui est par essence une structure démonstrative, peut donc se construire dialectiquement avec au minimum une anti-thèse et une thèse. Il faut d’ailleurs toujours finir par la thèse que l’on souhaite défendre et qui est examinée dans la dernière partie du développement. La conclusion, bien qu’elle soit le point d’aboutissement comme réponse définitive à la question posée au départ,  n’est qu’un résumé de la démarche effectuée et donc il ne faut pas attendre cette conclusion pour exprimer l’idée que l’on souhaite affirmer.Le but d’une dissertation est donc nous l’avons dit, de résoudre une question. Il s’agit donc, dans un écrit de longueur raisonnable (il n’est pas forcément utile de vouloir faire trop long puisqu’on risque de perdre la qualité au profit de la quantité), de traiter un problème de manière continue, pour aboutir à défendre une thèse, en examinant plusieurs possibilités et en argumentant, à travers un raisonnement logique et continu.

La question posée implique un problème qu’il faudra éclairer. Ce qui veut dire que la réponse ne va jamais de soi et mérite d’être instruite pour comprendre ce qui fait débat dans le sujet. Il faut donc problématiser le sujet, examiner plusieurs points de vue, plusieurs thèses différentes qui peuvent être des réponses différentes au sujet pour construire sa propre vision des choses.A partir d’un sujet proposé (sous la forme d’un problème ou sous la forme d’un thème), il y a forcément plusieurs types de réponses possibles qui découlent du problème. On peut-on donc imaginer des dissertations qui soutiennent des thèses différentes mais qui sont de valeur identique : on ne note pas les idées en soi des candidats, les points de vue exprimés, mais la qualité avec laquelle un devoir peut exposer sa pensée et argumenter. Vous devez donc  exprimer vos idées propres,  construire un point de vue personnel, c’est entendu, mais cela ne veut pas dire pour autant que toute réponse est acceptable ou défendable pour diverses raisons. La notation des dissertations n’est pas arbitraire : il existe des critères précis d’évaluation et, comprendre la méthode, c’est d’abord prendre conscience de ces critères : richesse du contenu, examen de plusieurs réponses possibles du problème posé, construction logique du devoir, continuité du raisonnement, usage d’une certaine culture, capacité de rester dans l’axe de la question posée, construction claire du devoir en étapes bien identifiées qui s’enchaînent logiquement… ect. Il y a donc des copies déficientes, non parce que nous serions en désaccord avec leur « point de vue », mais parce qu’elles sont insuffisantes dans leur composition :  elles sont trop rapides, elles n’examinent qu’une seule thèse par rapport au problème posé, elles manquent de logique, n’argumentent pas leurs idées… ect. Ainsi faut-il respecter des règles élémentaires : il faut faire un plan clair  qui montre distinctement les grandes étapes : introduction, développement (avec ses sous-parties), conclusion. Le défaut le plus fréquent n’est pas le hors sujet ou le manque de développement ou de connaissance sur une question. Le défaut le plus repérables est la peur de défendre un point de vue, de s’engager, ce qui conduit à un propos neutre et qui reste descriptif (puisque bien souvent les devoirs ne posent pas de problématique précise mais se contentent d’annoncer une approche thématique) et ce qui reste fondamentalement contraire à l’esprit de la dissertation.

Il faut donc porter toute son attention pour commencer au travail de l’introduction. Attention donc à bien lire le sujet et à ne pas oublier un terme de la question posée pour bien saisir son sens spécifique. Le travail de l’introduction consiste à transformer le sujet en problème en dégageant, à partir de l’énoncé une contradiction entre plusieurs thèses possibles, une opposition, un paradoxe, qui montrent qu’il y a une difficulté. Le but de l’introduction n’est pas simplement de partir du thème pour ensuite reposer le sujet à la fin, mais il s’agit de montrer pourquoi la question se pose, de montrer ce qui fait problème. Ainsi le problème ne va pas de soi, il faut l’éclairer à partir de la lecture du sujet. Le rôle d’une introduction n’est pas simplement de reposer la question ou bien même de vouloir y répondre (certaines introductions sont déjà des conclusions !), mais d’élaborer la problématique et d’identifier le problème que pose le sujet  et de montrer qu’il y a différentes réponses possibles, ce qui pose une difficulté : encore une fois, le rôle de l’introduction est de nous faire passer du sujet au problème. Il ne s’agit pas simplement de reposer la question ou simplement de parler du thème sur lequel on est interrogé,  mais de montrer ce que la question veut dire et pourquoi elle se pose. Il ne faut jamais prendre un sujet comme évident, mais il faut toujours tenter de le justifier, de montrer pourquoi la question apparaît comme problème et ce qui la rend légitime (ce qui fait que l’on peut se poser cette question ou de choisir le thème et d’avoir à le réfléchir). L’essentiel est de faire surgir la contradiction ou un paradoxe ou une incertitude pour montrer qu’une affirmation peut toujours être questionnée. Au début du devoir, dans l’introduction, pensez bien à rester dans l’utilisation du conditionnel pour ne pas procéder par affirmations (« il serait possible de penser que »). Veillez à l’équilibre général des parties entre elles et faites attention à ce que votre plan ne révèle pas un déficit logique du devoir lui-même puisqu’il faut toujours pouvoir suivre sa continuité logique. L’introduction doit faire une demi-page approximativement et doit être stimulante pour le lecteur : elle doit donner envie à votre lecteur de lire la suite sans répondre à l’avance à la question posée. Il faut annoncer le plan à la fin de l’introduction mais sans tout dévoiler ni répondre à l’avance au problème posé. Vous pouvez annoncer votre plan de manière interrogative (« nous examinerons donc la question de savoir si …, « puis nous nous demanderons si… »). Vous pourrez rédiger votre introduction en dernier, une fois que le devoir est déjà élaboré au brouillon et il est alors important d’y consacrer toute son attention car c’est la première chose vue par le correcteur et donne déjà une première impression souvent essentielle.

Le rôle du développement est de nous permettre d’envisager plusieurs façons de répondre à ce problème, ce qui implique plusieurs parties : chaque partie peut être conçue comme une manière de défendre une thèse par rapport à la question posée. La première thèse sera exposée pour ensuite être examinée, critiquée, ce qui nous permet de passer à sa réfutation par l’affirmation d’une autre thèse pour des raisons qui doivent être explicites (on ne passe pas d’une partie à l’autre sans raison): un devoir de philosophie peut donc être dialectique, réfutatif, autant qu’il doit s’efforcer de défendre une thèse au final. Dès lors, les parties s’enchaînent logiquement et selon une démarche argumentative en essayant d’explorer des aspects différents à propos de la question posée. Il faut donc réserver sa propre réponse pour la fin du devoir : il faut en effet un peu de « suspense » pour que le devoir soit intéressant. Essayez de laisser vos propres idées dans l’ombre au départ pour les dévoiler peu à peu, au lieu de donner la réponse tout de suite. Le nombre de parties dans un devoir est variable : le plus souvent, deux ou trois (ne pas aller au-delà sinon on risque une sorte d’émiettement de la structure du devoir). A noter qu’il faut toujours qu’il y ait des transitions entre chaque partie et que l’on sache pourquoi on change de partie. Il faut donc éviter les devoirs purement descriptifs, mais toujours évoluer dans l’approfondissement de la question. A chaque idée principale doit correspondre une partie principale et à l’intérieur de chaque partie, il doit y avoir des sous parties composées selon une logique (on ne va pas à la ligne n’importe quand mais on compose par paragraphes). Allez à la ligne quand vous changez d’argument, d’exemples, d’analyse. Le but d’une dissertation est donc de traiter un seul problème à la fois (de rester dans l’axe du sujet) mais ce problème pourra donc être envisagé sous différents angles, et dans différents domaines d’application (passez du particulier, au général, et inversement, de pensées théoriques à l’actualité, variez les références, et les matériaux). L’ordre du devoir doit être progressif et toutes les parties doivent s’articuler logiquement (on ne doit pas avoir le sentiment d’une discontinuité dans le raisonnement) et le but est de démontrer en essayant de rendre raison de ce qui est dit, en essayant d’aller du plus simple au plus complexe, du plus évident au moins évident. Encore une fois, il ne s’agit pas de faire un catalogue de doctrines (pour un tel, pour un tel,…) pour ensuite ne pas choisir soi-même de réponse, il ne s’agit pas de faire des variations sur un thème, mais de démontrer, de soutenir, de convaincre. La culture est donc souhaitable : on peut faire appel à des doctrines, des auteurs, des théories, mais ces éléments ne sont pertinents que s’ils viennent éclairer une thèse qui est examinée dans le devoir et qu’ils s’intègrent dans un raisonnement : la dissertation n’est pas une récitation, ni une illustration, mais il s’agit avant tout de tenter de réfléchir soi-même plutôt que de restituer des éléments mémorisés.

Ceci dit il n’y a pas de plan type, de recette toute faite à l’avance. La dissertation reste une invention singulière et il n’existe pas de schéma préalable : il n’est pas du tout nécessaire de suivre un plan composé en « thèse-antithèse-synthèse ». On peut faire des plans en deux ou trois parties, selon ses moyens, l’essentiel est d’examiner différents points de vue sur un sujet. Si on ne fait que deux parties, on expose une thèse qui est ensuite critiquée. La thèse défendue est soutenue dans la dernière partie et argumentée par réfutation de la première thèse. Si l’on opte pour trois parties, l’objectif est plutôt de développer une pensée qui tente de surmonter ses propres contradictions et d’aboutir à une troisième thèse (plutôt qu’une « synthèse ») qui soit un dépassement des deux premières perspectives. L’essentiel est la continuité du raisonnement : le devoir doit se construire selon une logique interne qui permet de comprendre l’ordre des parties. Il ne faut donc pas juxtaposer des arguments sans préciser s’il faut les accepter, les rejeter. Il ne s’agit pas non plus de faire une sorte de tableau historique des points de vue possible sur un sujet. Evitez les trop longues digressions, et ne pas abuser des citations qui sont souvent plaquées artificiellement.  Encore une fois, la réflexion ne vaut pas par sa longueur, mais par sa rigueur et sa qualité logique et son contenu : mieux vaut un propos dense et bien structuré, plus court, qu’un propos long et décousu. La notion de fil conducteur dans le devoir reste un critère essentiel et certaines fautes capitales, comme le hors sujet, doivent évidemment requérir toute votre vigilance. Soyez d’ailleurs précis dans vos références (citations, évocation d’ouvrages, d’auteurs, de courants de pensée ou d’évènements, de faits historiques ect… ) : mieux vaut citer précisément un auteur (évitez d’être trop allusif), en maîtrisant vraiment ce qu’il dit et en pouvant parler de ses écrits, plutôt que de se contenter de références très vagues qui ressemblent à du vernis culturel un peu sommaire et artificiel.

La conclusion doit être brève et précise. Elle n’est qu’un résumé de la démarche effectuée dans le devoir et elle précise définitivement qu’elle est la réponse donnée au problème posée au départ. Il ne s’agit pas de redire tout ce qui a été dit mais d’achever sa pensée et de démontrer que le devoir est convaincant. Au début d’un devoir on s’étonne d’un sujet, ensuite on progresse dans un raisonnement, enfin il s’agit de s’en tenir à une position que votre lecteur peut partager avec vous. Dans tous les cas il n’est pas utile de faire trop long (en général, un devoir à faire chez soi peut être situé autour de 5, 6 ou 7 pages et c’est suffisant).

Il est bien évident pour finir que votre présentation doit être irréprochable : l’écriture lisible et sans fautes d’orthographe. Le devoir doit faire apparaître clairement chaque partie de manière implicite (plan non visible mais repérable par le contenu même de votre propos). L’ensemble doit être équilibré. Faites bien attention à la gestion du temps et surveillez votre montre pour ne pas vous laisser déborder quand vous composez en devoir sur table, pour avoir le temps d’achever la rédaction de votre travail. Prenez bien le temps de réfléchir avant de composer : il n’est pas toujours très utile de se ruer sur son stylo…. mais d’abord il faut méditer son sujet!

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5 Commentaires

  1. T.François

    16 septembre, 2008 à 22:02

    Bonjour,

    une simple question, qui n’a rien a voir avec la philosophie (en faite vous allez me le dire): pourquoi avoir choisi ce nom pour le blog?

    merci d’avance.
    Un élève de lycée.

  2. chevet

    19 septembre, 2008 à 13:54

    PHORE vient du grec « phoros » qui veut dire porter, mettre en avant
    on pourrait donc traduire « philophore » par « mettre en avant ou porter » la philo….

  3. dissertation writing

    9 août, 2010 à 9:53

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  4. A.Camille

    21 septembre, 2010 à 21:28

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